Les fabriques disparues du baron de Castille

En 2010, ayant eut accès à de nombreux documents généreusement prêtés par la famille de Seguins-Cohorn, j’ai réalisé, en terre cuite et à l’échelle la presque totalités des fabriques de Castille. Les pièces ont été peu à peu dispersées dans des collections privées. La tour fait près de 30cm.

Les fabriques de Castille
Mémoire : les fabriques disparues du baron de Castille à Argilliers (Gard)

Ci-dessous, un article de Jacques Roux sur le sujet. Avec son aimable autorisation.

Mémoire : les fabriques disparues du baron de Castille

En bordure de la route Uzès-Remoulins, à hauteur d’Argilliers, le spectacle est saisissant et ne manque pas d’interroger les nombreux automobilistes qui passent par là ; d’un côté les vestiges de colonnades annonçant un château, de l’autre, encore quelques colonnes dont une surmonté d’un croissant derrière de murs en ruines. Il s’agit du témoignage de l’existence du baron de Castille qui laisse à Uzès ce fameux hôtel orné de colonnes, situé face à l’ancien Evêché, souvenir d’un doux hurluberlu qu’il n’était absolument pas, ponctué de l’anecdote d’une mort brutale suite à un verre d’eau glacée avalé après une longue marche.

M.Henry de Seguins-Cohorn qui est son descendant, a réalisé un livret sur cet hôtel uzétien de son ancêtre, a apporté, il y a une dizaine d’années, sa contribution à l’exposition qui se tenait à la mairie d’Argilliers, organisée par l’association « Artistes au jardin » et avait notamment animé une conférence visant à faire le point des fameuses folies du baron de Castille c’est-à-dire « le parc du château de Castille au temps du Baron » qui a donné naissance à une plaquette. Car il faut prendre ici le mot « folie » au sens de « demeure de jardin construite dans un jardin dans un style architectural original ».

En effet, dès qu’il en hérita, en 1788, le baron de Castille entreprit de rénover la grosse ferme laissée par son oncle à Argilliers et de créer un parc qui allait au fil des ans s’enrichir de moultes fabriques (constructions fantaisistes) pratiquement toutes disparues de nos jours, fabriques perpétrées par la carte postale ancienne: le kiosque (tour Fénestrelle), détruit par une tempête, le Puits d’amour, transporté aux Etats unis, le pigeonnier (château d’eau) dominé par un croissant figurant le C de Castille, l’arc de triomphe (le pointu), mais aussi de monuments moins connus comme le petit temple, le Pont du Gard, la colonne impériale, le petit théâtre… Tout cela structurait un paysage qu’il est difficile maintenant d’imaginer.

Un épais document consigna toutes ces recherches qui mettaient en avant des préoccupations métaphysiques et sentimentales, annonciatrices du romantisme. «Le parc de Castille,écrit Jean Deparis, président de l’association Artistes au jardin,conçu comme une leçon de philosophie superpose à la lecture superficielle du style pittoresque, d’emblée perceptible par le promeneur, un niveau d’interprétation second, avec ses préoccupations symboliques.»

En 2005, la philosophe Catherine Chomarat-Ruiz et le photographe Pierre Thibaut publièrent « Le jardin et le parc de Castille[/CIT] » (Ed. L’Imprimeur col. Jardins et paysages). 
Ce livre s’intéresse en fait à la finalité du parc de Castille, un ensemble exceptionnel souvent décrié. d’où se dégage l’autobiographie paysagère du baron de Castille.